Comme prévu, le chef du gouvernement désigné Elyès Fakhfakh a entamé hier ses concertations officielles portant sur la formation du gouvernement en recevant plusieurs personnalités politiques, dont notamment les chefs des partis représentés au Parlement, à l’exception du parti Au Cœur de la Tunisie. Les premiers échos des concertations laissent penser au retour du même « quatuor » qui allait former le gouvernement Habib Jemli incluant Ennahdha, le Courant démocratique, le Mouvement du peuple et Tahya Tounès.
Le premier invité à Dar Dhiefa à Carthage, qui ressemblera ces jours à une salle de réunions et de négociations, était le chef du parti majoritaire au Parlement Ennahdha et président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (Arp) Rached Ghannouchi. A l’issue de cet entretien tenu l’après-midi, Rached Ghannouchi a déclaré avoir pris connaissance que le gouvernement Fakhfakh sera composé de seulement 25 membres, ce qui signifie qu’il s’agit d’un gouvernement restreint. «Le chef du gouvernement désigné m’a fait part de son intention de former un gouvernement restreint composé uniquement de 25 membres et nous, en tant qu’Ennahdha, n’avons aucune réserve à cet effet», a-t-il souligné. Pour le président du parti Ennahdha, il est hors de question d’exclure qui que ce soit de ce processus de formation du gouvernement, car dès le début, le parti avait appelé à un gouvernement d’union nationale. «Nous avons expliqué au chef du gouvernement désigné que nous refusons toute forme d’exclusion, nous avons également appelé à l’implication du parti Au Cœur de la Tunisie dans ces concertations et à sa participation au gouvernement», a-t-il encore dit.
Tout au long de la journée, les concertations avec les différents représentants des partis se sont poursuivies. Elyès Fakhfakh a également reçu le secrétaire général du Courant Démocratique Mohamed Abbou, le fondateur de la Coalition Al-Karama Seifeddine Makhlouf, le secrétaire général du Mouvement du peuple Zouheir Maghzaoui, le secrétaire général du parti Tahya Tounes, dont il est le candidat, le secrétaire général de l’Union Populaire Républicaine Lotfi Mraihi, le directeur exécutif d’Afek Tounès, Mohamed Ali Mankai et le fondateur du parti Al-Badil Mehdi Jomaa.
A l’issue de sa rencontre avec le chef du gouvernement désigné, Mohamed Abbou a exprimé sa satisfaction de son projet affirmant que les orientations d’Elyes Fakhfakh sont proches de celles du Courant Démocratique. Pour lui, le profil du chef du gouvernement désigné lui permettra d’appliquer la loi et de mener les réformes nécessaires, notamment en ce qui concerne la situation économique. Il a également confirmé qu’Elyes Fakhfakh se dirige bel et bien vers la formation d’un gouvernement restreint.
Pour sa part, le secrétaire général du Mouvement du peuple Zouheir Maghzaoui a affirmé dans ce sens que la réunion avec Elyes Fakhfekh a été une occasion pour souligner la nécessité de présenter aux Tunisiens un programme de gouvernement efficace et applicable, assurant que c’est le chef du gouvernement désigné qui va choisir, seul, les partis avec lesquels il va composer son équipe gouvernementale.
Au Cœur de la Tunisie exclu ?
En tout cas, ces entretiens seront suivis d’autres pour déterminer les profils des futurs ministres. Est-il question d’un gouvernement d’union nationale ou d’un gouvernement restreint de salut national ? La conférence qu’organise aujourd’hui Elyès Fakhfakh devrait apporter quelques éléments de réponse.
Mais ce qui a marqué les concertations d’hier, à travers lesquels le chef du gouvernement désigné a commencé à tracer les grandes lignes de son équipe gouvernementale, c’était notamment l’absence du parti Au Cœur de la Tunisie, pourtant deuxième force parlementaire. En effet, selon la liste officielle des invités aux concertations à laquelle nous avons eu accès, aucun représentant du parti de Nabil Karoui n’a été invité à prendre part à ces entretiens. Au Cœur de la Tunisie a-t-il été exclu de ces concertations ? En tout cas, le parti de Nabil Karoui avait appelé mercredi dernier le chef du gouvernement désigné à s’ouvrir sur tous les partis affirmant sa prédisposition à participer au processus de formation du gouvernement. Le Parti Destourien Libre (Pdl) n’a pas été également invité à ces concertations, mais pour ce parti, tout était clair dès le début puisqu’il a annoncé qu’il refusait de coopérer avec Elyès Fakhfakh vu qu’il a participé au gouvernement de la Troïka.
Le chef du gouvernement désigné Elyès Fakhfakh tient aujourd’hui une conférence de presse pour annoncer, rappelons-le, la nature du gouvernement qu’il envisage de former mais tout laisse penser à une large coalition gouvernementale incluant en effet Ennahdha, le Courant Démocratique, le Mouvement du Peuple et Tahya Tounès.